Things happen

En rentrant du boulot je me suis précipitée au téléphone. Auquel je suis restée suspendue près de 3 heures à la recherche d'une clinique médicale spécialisée en planning. Heureusement j'ai réussi à prendre un RDV pour la semaine prochaine, lundi, à la suite duquel il sera décidé un autre RDV pour l'IVG dans la semaine même. C'est déjà un énorme poids de moins...

Il me reste donc à compter les jours. Il me reste moi et mes réflexions, et les interrogations nouvelles que tous ces évènements soulèvent.

Moi. Lui. Nous.
Quand cela est arrivé.
Si un avortement c'est douloureux.
Si je vais pouvoir soustraire tout cela aux yeux des gens qui m'entourent... je ne veux pas de ragots. Le meilleur moyen est... de se taire. Ce sera donc entre lui et moi.
Peur du regard de ma famille si elle savait.
Je pense aux toutes les celles qui ont pu se retrouver dans la même situation.
Hier la seule chose que je pouvais penser, c'était ''qu'est ce qu'on fait?''
Mon ventre. Je n'ai pas pu m'empêcher de le contempler dans le miroir en me disant ''alors, c'est ça''.
Instant irréel.
J'essaie de ne pas penser à cette petite vie dedans.
Cela me donne mal au coeur et me fait mal tout simplement.
Être enceinte. Je suis enceinte... (c'est la première fois que j'ose me le dire...)
Le mot avortement est affreux. J'ai l'impression de tuer quelqu'un..

Je sais bien que mon copain essaie de me déculpabiliser et j'apprécie. Il a toujours été là quand j'avais un pépin depuis les 4 ans qu'on se connait... et maintenant encore plus vrai. Ses mots ont réussi à me faire rire et sourire. Cela me fait du bien. Tout comme le bien fou qu'écrire me procure. Je vais aller me changer les idées...

J'ai quitté le travail tôt aujourd'hui en prétextant un RDV chez le docteur. V. m'a croisée ce matin avec mon café, et m'a lancé un joyeux ''ça a l'air dur ce matin!''. Si elle savait.

J'ai si mal dormi... En sommeillant j'arrêtais pas de repenser à tout cela. Je me sens stupide, et en même temps incroyablement triste. Mon copain a été formidable. D'ailleurs on vient de se parler au téléphone.

Être enceinte est une chose que j'aurais jamais imaginé qui puisse arriver, là maintenant. Je sais qu'il m'arrive de sauter une pilule ou deux, mais habituellement c'est plutôt rare.

Et prononcer le mot avortement me donne la chair de poule. Pourtant c'est clair pour moi comme cela l'est pour mon copain... c'est impensable de m'imaginer le garder, à mon âge, avec mon travail, au stade de notre relation, avec mes parents.

J'ai le sentiment de m'incrire dans la lignée de ces écervelées qui font la file dans les centres d'avortement parce que le mot contraception ne signifie rien pour elles. Je sais que mes mots sont durs. Mais je me sens si... bouleversée.. j'aurais tellement aimé pouvoir me dire que ma première grossesse a été vécue dans la joie... je sais pas. Au lieu de tout ça, je marche la tête basse, et enferme tout cela dans un lourd silence.

Je l'aimais.
Il m'aimait également.

Il était mon premier...
Une histoire compliquée.
Du passé, tout cela. Le présent, c'est nous.
Chaque instant que je passe avec me rend heureuse.

J'ai beaucoup écrit sur nous.
Les hauts, les bas, les coups d'amour et les coups de gueule...
D'ailleurs j'écris encore énormément sur nous, mais ailleurs qu'ici.

Alors pourquoi un nouveau?
Pour profiter de l'anonymat. De ce statut privilégié que l'on a, lorsqu'on ne ressemble à rien qu'à des mots déposés sur papier, défilant sous les yeux des lecteurs.

Il était une fois... un ''+'' de couleur bleue qui s'affichait sous mes yeux. Hier soir.
Incroyable l'intensité avec laquelle on peut fixer un objet des fois. Un test de grossesse.